« José Pizarro a grandi entouré des saveurs et des odeurs de la cuisine de sa mère », dit Hachette, dans une version idéalisée de l’Estrémadure où les gens sont beaux et forts, le soleil brille sans bruler, les abeilles volètent dans une symphonie de bruits et les légumes poussètent dans une mosaïque de couleurs, chacun mange des truffes fraiches et des huitres sans herpès. L’illusion serait parfaite si le chef n’insistait pas autant sur l’alcool (il représente la bière Estrella Damm et vend quelques vins pétillants sous son nom) et le pimentón de La Vera (le produit phare de sa marque de produits espagnols). Malgré la faute dans le titre1 qui préfigure les nombreuses erreurs de composition au fil de l’ouvrage, j’ai feuilleté cet ouvrage l’eau à la bouche.
Quelques plats de mon enfance se cachent parmi les 70 recettes, comme le cocido et les plats de lentilles au chorizo que je fais encore souvent ou le lapin grillé que je n’ai pas mangé depuis des années, les pommes de terre au riz dont j’avais presque oublié l’existence et les croquetas au merlu dont j’ai souvent envie, ou encore les côtelettes d’agneau que mon grand-père engloutissait deux fois par semaine et les repapalos qui rappellent le pain perdu que ma grand-mère accommodait comme un pudding pour boucler les fins de mois. Va pour la nostalgie niaise, c’est un maigre prix à payer pour avoir l’insigne honneur de manger avec nos morts.
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C’est su, pas sù, une erreur depuis corrigée. Hachette aurait peut-être dû se contenter de traduire le titre original, The Spanish Home Kitchen. ↩︎